Dans le monde du sport, on célèbre l’esprit de compétition, le fair-play et l’ouverture. Mais ironie amère : derrière les tribunes, dans les coulisses des fédérations et ligues sportives, c’est la loi du « tri sélectif » qui règne lorsqu’il s’agit des médias. Une pratique aussi injuste que contre-productive, qui fait peser une chape de plomb sur le droit à l’information et sur le travail des journalistes.
Dans nombre d’événements sportifs qu’ils soient régionaux, nationaux ou internationaux des journalistes sont systématiquement écartés sous prétexte de « places limitées », de « manque de badges », ou pire, parce qu’ils « ne sont pas de la maison ». En réalité, ces exclusions sont souvent déguisées derrière des prétextes administratifs, alors qu’elles traduisent un favoritisme clair : seuls les médias jugés « favorables », les journalistes « dociles », sont admis. Les autres ? Recalés, ignorés, parfois humiliés.
Cette sélectivité révèle un contrôle obsessionnel de la communication par les fédérations. Tout est calibré : qui peut couvrir, quoi dire, comment le dire. On oublie que le rôle d’un journaliste n’est pas de faire de la publicité, mais de rendre compte y compris des dysfonctionnements, des inégalités, des faits marquants. Or, trop de fédérations voient la presse comme un simple outil promotionnel, et non comme un partenaire critique et nécessaire.
Quand on sélectionne qui peut parler du sport, on limite la diversité des voix, des analyses et des regards. C’est toute la richesse du débat sportif qui s’éteint. Pire encore, c’est une forme de censure déguisée. Ce verrouillage porte atteinte à la liberté d’informer, et en fin de compte, nuit au développement du sport lui-même, qui a besoin de visibilité pluraliste, d’analyses variées et de transparence.
Il est temps de tirer la sonnette d’alarme. Car en excluant certains médias, en marginalisant des voix, les fédérations sportives se tirent une balle dans le pied. La confiance se construit avec l’ouverture, pas avec l’opacité. Et si les journalistes sont muselés, ce sont les supporters, les jeunes athlètes et le public qui, à terme, en paieront le prix. À force de trier les médias, vous pourriez finir par vous retrouver seuls, à parler entre vous, dans un silence assourdissant.
Gaëlle ELSOU
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