Ancienne joueuse des équipes JSA et de Cecus, Feibouko Natacha est l’une de toutes premières entraineuses de football des années 2000 à Ndjamena. Aujourd’hui, sans activité et faute de soutiens, la jeune dame est toujours au cœur de toutes les activités sportives de Gassi et d’ambata2 d’où un grand terrain sportif et le carré porte son nom sous l’appellation de : « Terrain Natacha ». 

Née en 1988, Feibouko Natacha est l’une de rares jeunes dames tchadienne à garder de la passion pour le football. Alors qu’elle était encore au collège, son enseignant voit en elle un talent exceptionnel pour le football et propose de la pister. «Tout a commencé quand j’entrai fraichement au collège. Au terrain du sport pendant les heures d’éducation physique et sportive. Je voulais souvent jouer au foot avec les garçons. Impressionné par mon système de jeu, notre enseignante m’appelle et me dit que je joue bien au foot et me propose de me mettre en contact avec un club dénommé JSA. Après un test, le club m’accepte mais très vite je migre vers un autre club qui est le Cecus », se rappelle Natacha.

La reconversion dans la carrière d’entraineur

Après quelques années de carrière footballistique, Natacha décide de partager ses talents avec les jeunes. Elle se dote de quelques ballons ronds, réuni quelques jeunes et devient leur entraineuse en dépit de difficultés de tout genre. « En 2010, quand je suis arrivée nouvellement au quartier Gassi, j’ai acheté trois ballons, que j’ai déposé sur un grand terrain vide, j’ai fait appel aux jeunes qui aiment le foot pour les entrainer. Au début, les jeunes étaient réticents, et les gens me voyaient bizarrement. Mais cela ne m’avait pas démotivé », raconte Natacha. Au finish, elle s’est retrouvée avec plusieurs jeunes à entrainer et son terrain est devenu un véritable terrain sportif. Avec un nombre pléthore, la jeune entraineuse éprouve d’énormes difficultés tant organisationnelle, technique, financière et matérielle dans son travail.

Heureusement, le courage, la volonté et la qualité de travail de la jeune dame dans un pays où ce genre de métier n’est pas fait pour les filles, accroche l’attention d’un expatrié Coréen, qui décide de lui venir en aide. « Quand le Coréen m’avait vu à l’œuvre, il s’était rapproché de moi pour savoir comment je faisais pour m’en sortir. C’est ainsi qu’il m’avait secouru avec quelques ballons et des équipements. Avant de quitter pour son pays, il avait négocié avec la fédération tchadienne de football Association (FTFA) pour m’inscrire à une formation des entraineurs en 2018 » explique la jeune dame, qui dit qu’après le départ de son bienfaiteur, son avenir est devenu sombre.

Aujourd’hui, dame Natacha est déçu par l’attitude des dirigeants de la fédération tchadienne de football association qui confirme qu’au Tchad, le sport n’est pas pour les femmes. « Je me suis plusieurs fois rapproché de la FTFA pour demander rien que des ballons pour poursuivre les entrainements avec les enfants, mais en vain », se désole la dame qui faute d’appui, de moyens financier et matériel, a fait un break. Tout de même, le terrain sportif d’environ 1 hectare et tout le carré gardent toujours son nom de « terrain Natacha ».

Mère au foyer avec 4 enfants, Natacha et son époux sont fiers de sa carrière d’entraineuse. Elle se dit toujours prête à renouer avec le terrain et plaide auprès des esprits généreux pour son retour sur les pelouses. Car pour elle, le terrain est toute sa vie.

Miguerta Djiraïngué