Les projecteurs s’éteignent, les gradins se vident, les applaudissements s’évanouissent. Le championnat est terminé. Mais pour les joueurs, ce n’est pas une fin. C’est un retour brutal à la réalité. Une réalité sans suivi, sans espoir, sans avenir tracé. Une réalité trop silencieuse et des dirigeants toujours trop muets.
Pendant plusieurs mois, ces jeunes ont couru sous un soleil brûlant, souvent sans chaussures de qualité, sans soins médicaux appropriés, sans soutien nutritionnel, mais avec le cœur, avec la rage de représenter leurs clubs, leurs quartiers, parfois même leurs familles entières.
Et maintenant que tout est fini, que deviennent-ils ? Où sont les programmes de suivi ? Où sont les camps d’entraînement promis ? Où sont les recruteurs annoncés ? Où sont les bourses ? Où sont les dirigeants que l’on voyait si bien installés au bord des pelouses, chemise bien repassée, lunettes noires et promesses pleines les poches ?
Parce que oui, le football n’est pas qu’un événement : c’est une mission. On ne peut pas encourager un jeune à se donner à fond sur un terrain si, au lendemain de la compétition, il doit retourner vendre de l’eau glacée, être clandomen, mécanicien, maçon ou vendre du crédit de recharge pour survivre. On ne peut pas parler de « détection » quand aucune structure ne lève le petit doigt pour accompagner les repérés.
Nos jeunes ne peuvent pas avancer si ceux qui tiennent le tambour, les fédérations, les délégations sportives, les ministères ne jouent que pour les galas et les discours.
Ce n’est pas le score d’un match qui fait l’honneur d’un pays. C’est la manière dont il traite ceux qui le défendent sans salaire, sans contrat, sans couverture
À quoi bon organiser un championnat si c’est pour oublier les acteurs sitôt le trophée remis ? À quoi bon encourager des rêves si c’est pour les enterrer dès le coup de sifflet final ?
Le football ne finit pas à la remise des médailles, il commence là où les responsables de ce sport roi tournent le dos. Et tant que cette responsabilité n’est pas assumée, nous ne pouvons pas parler des leaders, mais des touristes du sport.
Gaëlle ELSOU
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