Le 29 décembre 2021, lors de la clôture du 2ème forum national de la jeunesse, le Président du Conseil Militaire de Transition (PCMT) annonça : « je déclare l’année 2022 comme l’année du sport au Tchad, l’année de tous les sports. Pour ce faire, le gouvernement est appelé à relancer tous les championnats des jeunes : les inter-provinces, les inters-villes, les inter-universités et les inter-quartiers, et à y mettre le prix ». Il suggéra même la création d’un marathon national ouvert à tous, y compris aux professionnels. Alléchant programme !
Bien en phase avec son auditoire, le plus jeune général d’armée 5 étoiles, a suscité l’enthousiasme et la joie auprès d’une jeunesse qui lui a répondu par un long standing ovation. Cette annonce qui a fait étalage de ses connaissances insoupçonnées en matière des compétitions sportives, a donné sans doute de l’espoir au mouvement sportif et aux acteurs du sport tchadien qui assistent jusque-là, impuissants, à l’agonie de ce secteur social qui a constitué de tout temps, le socle de la solidarité et du vivre ensemble de la jeunesse de ce pays.
Mais, au risque de voir cette déclaration tombée dans les oubliettes, tous les amoureux du sport attendent impatiemment les signes annonciateurs d’un début d’exécution. Le forum de la jeunesse a ciblé, dans le domaine du sport, les quelques points ci-après :
- achever les stades en construction (20) ;
- organiser un forum national pour diagnostiquer les maux de notre sport et lui trouver des solutions durables (24) ;
- renforcer la construction des infrastructures dans les 23 provinces pour accueillir des compétitions nationales et internationales (28) ;
- relancer les championnats nationaux dans toutes les disciplines sportives en privilégiant les circuits de compétition des jeunes (32) ;
- relancer les universiades (33).
La nomination du 2ème ministre de la transition, Mahmoud ALI SEID, un jeune plein d’énergie et très actif, issu de la société civile, s’inscrit sans doute, dans cette nouvelle dynamique. Il reste à l’accompagner par l’assainissement des services techniques du ministère et lui garantir les moyens nécessaires. Car, la réalisation des actions citées nécessite une véritable organisation et un financement hors du budget très riquiqui du ministère des sports qui est de : 7.499.080.555 frs. (Loi des finances 2021) dont 5.764.704.284 sont destinés au salaire du personnel.
Cette année du sport aurait pu bien commencer avec la qualification des SAO football pour la phase des éliminatoires de la coupe d’Afrique des nations (CAN 2023). Les deux matches (aller et retour) des préliminaires livrés contre la Gambie, ont tenu tout le pays en haleine. Et, malgré les résultats insuffisants obtenus (1 défaite et 1 nul), ce fut un moment d’intense émotion qui rappelle celui d’une finale mémorable de 1978 à Yaoundé, opposant le Cameroun et le Tchad, pour une place qualificative aux jeux africains d’Alger.
Pour l’anecdote, durant tout le déroulement de ce tournoi à Yaoundé et à Douala, l’attention et les regards de tous les Tchadiens sont tournés vers le Cameroun. Des jeunes commerçants tchadiens sont même venus des pays voisins comme, le Congo et le Gabon. Occupant une partie des tribunes, ils brandissaient haut le drapeau du Tchad, et manifestaient fièrement leur soutien patriotique. Le plus inattendu fut le cesser le feu unilatéral en cette période de guerre, observé sur les terrains de combat, par les belligérants de l’armée régulière dirigée par le Conseil Supérieur Militaire (CSM) de l’époque, et les combattants révolutionnaires du FROLINAT, basés dans le nord et l’est du pays. Cela montre à suffisance, ce que le sport peut faire dans le domaine de l’unité et de la paix.
Et si les autorités de la transition peuvent être préoccupées par la situation du sport tchadien, le cas du football doit être inscrit dans les urgences. Car, ce sport populaire est, depuis la réélection très contestée du bureau de la FTFA, confronté à un conflit inextricable avec son ministère de tutelle. Un conflit qui, faute de règlement amiable, a conduit la FIFA et la CAF à mettre, en place et lieu de la FTFA, un comité dit de normalisation (CONOR). Celui-ci a un mandat de 1 an qui va du 15/11/2021 au 15/11/2022, avec des missions bien définies qui sont de :
- gérer les affaires courantes de la FTFA,
- réviser les statuts et le code électoral de la FTFA afin de garantir leur conformité avec les exigences et principes des statuts de la FIFA, et veiller à leur adoption par l’assemblée générale de la FTFA,
- élaborer avec l’aide de la FIFA, un accord de coopération entre le ministère des sports et la FTFA qui définira des responsabilités et des objectifs pour chaque partie,
- en dernier lieu, agir en qualité de commission électorale pour l’organisation de l’élection d’un nouveau comité exécutif de la FTFA sur la base des statuts et du code électoral révisés.
Les connaissances approximatives du sport en général, et du sport tchadien en particulier, doivent convaincre le ministre qu’en sport, il ne suffit pas d’haranguer ou de galvaniser les troupes pour obtenir les victoires souhaitées. L’heure est maintenant au bilan. Des leçons doivent être tirées du soutien technique et financier de l’Etat et de la mobilisation générale des tchadiens, apportés au CONOR pour la préparation et la participation à ces préliminaires de la CAN 2023.
Le ministère de la jeunesse, des sports et de l’entreprenariat est un vaste département qui regroupe 3 entités distinctes dont les missions sont spécifiques et diverses. La mission du ministre commence avec la réalisation des promesses faites à la jeunesse par le PCMT, mais aussi par la recherche d’une solution acceptable par tous les acteurs du football tchadien. Deux dossiers sur lesquels il sera attendu et jugé pour les résultats qui en sortiront.
Il serait nécessaire et utile dans ces moments, de porter une oreille attentive aux avis et de faire une meilleure exploitation des fiches techniques que lui transmettent les conseillers et directeurs des services. Ainsi, l’annonce faite d’organiser prochainement un forum national, regroupant tous les acteurs du sport, comme suggère la recommandation n°24 du forum de la jeunesse, est une bonne inspiration qui ne peut qu’être encouragée. D’ailleurs en son temps, le défunt maréchal avait déjà prévu dans son programme présidentiel de 2016, l’organisation des états généraux du sport. Organiser ce forum appelé de tous les vœux depuis fort longtemps, par le mouvement sportif et les acteurs du sport tchadien, serait une première salutaire pour le ministère. Celui-ci permettra de mettre tout à plat et d’examiner de fond en comble tous les problèmes récurrents qui minent le sport au Tchad et qui l’empêchent de prendre son envol. Les résolutions et recommandations qui en seront tirées, serviront de base à l’élaboration d’une nouvelle politique sportive qui déterminera le cap à suivre et fixera les objectifs prioritaires à atteindre.
Ce forum peut constituer un projet initié et porté par le ministère, avec le concours et la participation du COST, des acteurs de tous les sports et des personnes ressources. Bien qu’un projet des états généraux du sport fût élaboré par les différents ministres précédents, il ne serait pas inutile de le revoir et de le partager pour être enrichi. Le bureau d’études et conseils en sport (BECS), crée au Tchad depuis 2016, comme d’autres structures et partenaires, apportera tout son soutien et son expertise. Quant à son financement, il pourra faire l’objet d’une recherche concertée, en ciblant les partenaires et organismes à solliciter.
BANGALI DAOUDA Boukar
Bureau d’études et conseils en sport
Mail : b.daouda87@yahoo.com
Tél : O613829626 / 63633727.
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