Rien n’est moins sûr, mais espérons-le. Car, leurs émissaires qui sillonnent le continent et leurs directeurs de division, ne jouent pas franc jeu pour résoudre les crises qui secouent les fédérations africaines. C’est le cas au Tchad et dans certains pays, comme : le Cameroun, la Guinée Conakry, le Congo Brazza, le Mali, etc. Ils font, au nom de leurs institutions, le contraire, en traitant avec les tiers. C’est bien ce qui s’est passé, avec le Comité de Normalisation (CONOR) dont la FIFA, la CAF et les autorités tchadiennes ont convenu de la nomination des membres. Un dispositif financé par la FIFA et servi comme la panacée, mais qui n’a, malheureusement, pas donné les résultats escomptés.
Aujourd’hui encore, avec la nomination du secrétaire général intérimaire à la Fédération Tchadienne de Football Association (FTFA), ces instances du football international, ne semblent pas tirer de leçons du CONOR. Le courrier du 26 septembre 2024, signé par M. Kenny Jean-Marie, directeur de la division des associations membres, illustre bien le paradoxe. Pourtant, la FIFA clame toujours haut et fort dans ses statuts.
On comprend pourquoi, l’interruption par une décision du Tribunal de Grande Instance, de l’assemblée générale élective du comité exécutif de la FTFA, prévue le 30 novembre 2023, n’a pas eu de conséquence, comme on a pu le craindre. Et depuis, la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) et la Confédération Africaine de Football (CAF) s’attèlent à racoler les morceaux pour éviter, dit-on, la suspension du Tchad. C’est ainsi qu’elles gardent le contact et s’entretiennent régulièrement, soit par vidéo conférence, soit directement, sur invitation ou à la demande, avec les différents ministres des sports tchadiens.
Ainsi, le précédent ministre avait rencontré les émissaires de la FIFA et de la CAF, lors de la coupe d’Afrique des Nations de football (CAN) à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Une rencontre qui aboutit aux conclusions ci-dessous indiquées dans le courrier du 24/02/2024, adressé au SG
Vu que la situation ne bouge pas depuis 2023, c’est sans doute, à la demande du nouveau ministre des sports, que les émissaires de la FIFA ont accepté de rencontrer, en marge des Jeux Olympiques à Paris, les autorités tchadiennes. Les échanges se sont conclus, cette fois encore et de toute évidence, par un « deal ». Acceptez las relances de des activités.
Le courrier du 26/09/2024 confirme le deal et affirme que : « nous saurons pouvoir compter sur M. Baba Ahmat Baba qui assurera les fonctions de secrétaire général par intérim au sein de la FTFA. Les services de la FIFA conjointement à ceux de la CAF, se tiennent à votre disposition ainsi qu’à celle de M. Baba Ahmat Baba, pour mener à bien le processus et permettre de retrouver un climat serein nécessaire pour que le football puisse à nouveau rayonner sur le territoire».
Ce même courrier met, à postériori, définitivement fin à la gestion des affaires courantes de la FTFA par le CONOR, et acte la rupture du contrat de son SG, suspendu pour escroquerie, par le Tribunal du Travail. De plus, il semble légitimer également, l’intervention directe du ministère des sports dans la gestion actuelle de l’équipe nationale les SAO, en place et lieu de la FTFA.
Au-delà de ce choix surprenant et peu orthodoxe, M. Baba Ahmat Baba n’est pas un inconnu du mouvement sportif tchadien. Président en exercice de la fédération tchadienne de lutte traditionnelle, il exerça déjà les fonctions de secrétaire général du Comité Olympique et Sportif Tchadien (COST), présidé précédemment par le ministre actuel des sports. Une nomination qui n’est certainement pas due au hasard et qui suscite beaucoup de réactions. Surtout qu’elle arrive à un moment où, les candidats à l’accès au fauteuil de président, tant convoité, de la FTFA, vont se livrer à une bataille électorale âpre.
La logique aurait voulu sans doute que, ce S.G. intérimaire soit choisi parmi les nombreux imminents acteurs et connaisseurs du football tchadien. Mais, ce ne fut pas le cas, puisqu’en réalité, ce choix n’est que le respect de ce deal conclu entre les parties en présence à Paris. Sauf que, au regard des textes de la FTFA adoptés en octobre 2023, approuvés par la FIFA et la CAF, cette nomination peut être contestée. En effet, l’article 46 des statuts stipule que : « le secrétaire exécutif est recruté par un cabinet indépendant commis par le conseil, suite à un appel à candidature ». Les membres statutaires de la FTFA, pourraient légitimement, porter l’affaire au « Conseil International d’Arbitrage en matière de Sport (CIAS) », via le Tribunal Administratif de Sport (TAS).
Mais, qu’à cela ne tienne, pourrait-on dire. L’essentiel est que le processus reprenne conformément à ce qui a été convenu entre les ministres des sports et les représentants FIFA/CAF à Abidjan et à Paris. Cette reprise dépendra surtout : de la volonté des toutes les parties, d’en finir avec ce conflit qui n’a que trop duré, de la sincérité des engagements du ministre des sports tchadien, de la FIFA et de la CAF ; de la capacité de ces 2 acteurs actuellement aux manettes : de convaincre les membres statutaires de la FTFA à faire fi de leurs sensibilités et autres considérations, et d’œuvrer ensemble pour la réussite du processus. Il faut que le fair-play soit au centre de tout, avoir
des moyens financiers, matériels et techniques nécessaires, que mobiliseront le ministre des sports, la FIFA et la CAF, pour l’organisation et la réussite de l’opération.
La FIFA et la CAF proposent de mettre leurs services conjoints, aux côtés du ministère des sports et du S.G. par intérim. Ce qui témoigne déjà, de leur volonté commune. Mais, celle-ci serait encore plus forte et efficace, si ces instances envoyaient des émissaires neutres en qualité, non seulement pour couvrir le processus, mais aider le S.G. par intérim, le temps de la mission. Ainsi ils pourront utilement :
préciser avec exactitude ce processus électoral « ab initio », qui continue de susciter interrogations et interprétations diverses. Cela éviterait une perte de temps, veiller au respect de l’application des textes statutaires et du code électoral,
rassurer les candidats éventuels à la tête de la FTFA, en veillant : au respect strict des textes, notamment les articles 32 et 33 des statuts, relatifs aux critères d’éligibilités et aux incompatibilités ; à l’impartialité effective de M. Baba Ahmat Baba ; et à toutes les connivences, pressions et autres ingérences, d’où qu’elles viennent.
Le ministre des sports qui semble être le maître d’œuvre principal, aurait tout à gagner en recherchant un large consensus. Celui-ci peut être obtenu avec le concours de la médiation du COST, voire, celle des conseillers en charge des sports à la Médiature et au Conseil National de Transition (CNT). Par ailleurs, les plus hautes autorités de la Vème république (présidence et primature), se doivent de garantir l’organisation et le déroulement de ce processus.
Tout comme il est du devoir du ministre des sports de s’en tenir à son rôle régalien, au travers de la délégation de pouvoirs et de la tutelle, et de laisser la FTFA mettre en exécution son programme d’activités sportives, assurer la promotion et le développement de son sport sur l’étendue du territoire nationale. Le retour effectif et définitif à l’ordre fédéral et à la sérénité dans le football tchadien, souhaités par la FIFA et la CAF, est à ce prix.
RESSEMADJI NGANDJIBAYE KEITA
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