Dans le football tchadien, les sanctions disciplinaires semblent parfois suivre une logique difficile à saisir. Entre décisions controversées et sentences inégales, il est temps de se pencher sur deux cas récents qui illustrent parfaitement cette situation.
L’an dernier, lors de la coupe féminine Youyi co-organisée par la Commune de la ville de N’Djamena, l’Ambassade de la Chine au Tchad et le CGCOC une demi-finale opposait USM à DAF. Le match, disputé avec une intensité rare, n’a pas pu se conclure faute de lumière. Une reprogrammation a donc été décidée pour la semaine suivante. USM, désireuse de renforcer son effectif, a rappelé certaines de ses joueuses parties étudier au Cameroun.
C’est alors que le SGA de la ligue provinciale de football de N’Djamena, appuyé par le coach de DAF et le médecin des clubs, a décidé d’interdire la participation des joueuses revenantes. Une décision qui a immédiatement provoqué des tensions et une vive altercation verbale entre les parties impliquées. Aucun coup n’a été porté, aucune violence physique signalée. Pourtant, le manager de USM s’est vu infliger une suspension d’un an. Oui, un an, pour avoir osé exprimer son mécontentement.
On dit souvent que le silence est d’or, mais visiblement, au Tchad, réclamer la justice vaut de l’argent… et une année loin des terrains.
Passons maintenant à un scénario plus récent. Cette fois, l’incident concerne Gazelle FC et Aiglons FC un match où l’atmosphère était aussi électrique qu’une prise mal isolée. Tout a commencé par une simple demande du commissaire du match : le coach devait porter des chaussures fermées, une demande normale mais qui a déclenché une suite d’événements digne d’un film d’action.
S’en sont suivies des injures à l’égard de l’arbitre assistante Victorine Ngarassoum, traitée de noms que nous ne répéterons pas ici par respect pour nos lecteurs. Visiblement préparés à l’avance, les propos misogynes ont fusé. La situation a pris une tournure encore plus dramatique lorsque le coach principal de Gazelle FC a carrément agressé physiquement l’arbitre, obligeant l’intervention de forces extérieures pour calmer le jeu.
Et la sanction dans tout ça ? Deux mois pour l’entraîneur qui a frappé, et deux matchs de suspension pour celui qui s’en est pris verbalement à l’arbitre et au chef de sécurité CHABALALA. On pourrait presque croire à une offre promotionnelle : « Achetez une agression physique, recevez une suspension réduite ! »
Si ces deux affaires ont un point commun, c’est bien la gestion des sanctions. D’un côté, un coach puni pour avoir simplement défendu son équipe dans un débat verbal. De l’autre, un entraîneur qui passe des mots aux poings et s’en tire avec une sanction réduite. Cherchez l’erreur.
Il est urgent que les instances dirigeantes du football tchadien prennent conscience de ces incohérences. Si l’on veut prétendre à un championnat plus professionnel, il faut garantir une impartialité stricte dans l’application des règles disciplinaires. Sinon, autant distribuer des cartons rouges au hasard, cela reviendrait au même.
Comme le dit un proverbe tchadien : « On ne jette pas de pierres dans le puits où l’on boit. » Il serait peut-être temps d’appliquer cette sagesse au football national.
La rédaction
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