Une question essentielle mérite d’être posée : la Ligue Provinciale de Football de N’Djamena (LPFN) valorise-t-elle réellement ses joueurs ou les utilise-t-elle comme simples supports promotionnels pour ses partenaires ? À en juger par les récompenses attribuées aux hommes du match, le doute est permis.

Prenons l’exemple de Loubandem Guiguiban, Béadoum Mondé, tous deux joueurs de Gazelle FC, ainsi que Madtoïngué Constant (Ascot) et quelques jeunes talents des divers clubs. Ces internationaux et étoiles montantes du football tchadien, qui incarnent le meilleur du sport local depuis des années, sont régulièrement désignés hommes du match au cours du championnat provincial toujours en cours. Une distinction qui, en principe, devrait saluer leur performance et leur engagement sur le terrain. Or, au lieu d’une prime méritée, d’un trophée symbolique ou d’une reconnaissance financière digne de leur rang, ils reçoivent un t-shirt, une casquette, un stylo et, fait pour le moins surprenant, un décapsuleur.

Un tel traitement interroge. Est-il à la hauteur du talent et des efforts de ces joueurs qui donnent le meilleur d’eux-mêmes pour leur club et pour le plaisir des spectateurs ? Peut-on sérieusement considérer qu’un lot de gadgets promotionnels constitue une récompense appropriée pour des sportifs qui font vibrer les stades et portent haut les couleurs du football tchadien ?

À travers ces modestes présents, la LPFN donne l’impression de faire de ses joueurs des supports publicitaires plutôt que des athlètes reconnus à leur juste valeur. Loin d’être un simple geste anodin, cette approche soulève une problématique plus profonde : celle du respect accordé aux acteurs majeurs du football local. Si l’objectif est véritablement d’honorer la performance et le dévouement des joueurs, ne mériteraient-ils pas un traitement plus en adéquation avec leur statut ?

Il serait sans doute opportun de reconsidérer la nature des distinctions attribuées. Une prime, un trophée digne de ce nom ou toute autre forme de reconnaissance plus valorisante traduirait mieux l’estime et le respect que l’on doit aux footballeurs. Car à force de minimiser leur mérite, ne risque-t-on pas de décrédibiliser l’enjeu même de ces distinctions ? Une réflexion s’impose pour que ces récompenses soient à la hauteur de ceux qui font la fierté du football tchadien. Parce que franchement, à ce rythme de dénigrement, le prochain homme du match pourrait bien repartir avec un porte-clés et un calendrier publicitaire !

La rédaction