Kaltouma Nadjina aux jeux de la Francophonie à Beyrouth[/caption]
Au lendemain des indépendances, le Tchad à l’instar des autres pays africains accorde lui, aussi une place de choix au sport, véritable outil de manipulation des masses. C’est ainsi que la pratique du sport est devenue obligatoire dès le départ dans les établissements scolaires (collèges et lycées). Les élèves choisissaient au minimum trois disciplines sportives de leur choix à pratiquer au cours de leur année scolaire. Cette obligation de choisir trois disciplines a permis d’avoir des athlètes pluriels. Entre 1960 à 1970 des fédérations de certaines disciplines sportives comme celle de football, d’athlétisme, basketball cyclisme ont été créées pendant cette période, mais hélas dissoutes prématurément, faute de mauvaise gestion et absence de résultats, on était en 1966. Née de leur cendre, la fédération tchadienne omnisport a été elle aussi supprimée pour les mêmes raisons deux ans plus tard, en 1968.
Le Tchad a commencé à faire ses preuves véritablement dans le domaine du sport dans la période de 1970 à 1979, des meilleurs résultats ont été observés, ceci en partie grâce à la coopération internationale du Tchad avec les entraîneurs Français, Russes et Américains. Leurs expertises ont été d’une grande importance et cela a poussé l’Etat tchadien par l’entremise du secrétaire d’Etat à la jeunesse et au sport de l’époque, Idriss Mahamat Ouya, lui-même sportif, à créer l’Ecole Nationale de l’Education Physique et Sportive (ENPS), actuelle Institut nationale de la jeunesse et des sports (INJS).
Le sport phare au Tchad est l’athlétisme…
Depuis, le pays a participé à plusieurs compétions internationales avec des fortunes diverses. Au bilan, c’est l’athlétisme qui a le plus fait retentir La Tchadienne hors de nos frontières. « Le football est un sport roi peut être ailleurs. Mais de mon point de vue, c’est l’athlétisme qui est le sport roi au Tchad», estime l’ancien journaliste sportif, Dieudonné Djonabaye, actuel président de la haute autorité des médias audiovisuel (Hama). Pour lui, le Tchad s’est fait connaître sur le plan sportif international grâce à l’athlétisme. « Le Tchad a pu briller aux jeux des tropiques avec une équipe relais 4 x 100 mètres», poursuit-il. Plusieurs athlètes se sont illustrés par leurs performances comme Ahmed Issa, Oumar Abdoul, Idriss Mahamat Ouya, Yanyambaye, Baba Diguera, Ahmet Senoussi, Allah Djaba, Allah Djibet, Gadjadoum, Djimasal, Bodou et bien d’autres. « Je ne fais pas offense aux footballeurs, mais pour moi le sport tchadien a pour symbole l’athlétisme. Le football n’a pas remporté de médailles pour le pays », lance Dieudonné Djonabaye. Il faudra nuancer que les Sao version football ont remporté la coupe de la Cemac en 2014 et ajouter que Kaltouma Nadjina a remporté la médaille d’or aux jeux africains d’Alger en 2001.
« La première fois où le Tchad a brillé en football c’était lors des éliminatoires de la coupe d’Afrique à Yaoundé en 1984 où les Sao ont tenu en échec le Cameroun par un match nul », poursuit-il.
Le volley-ball lui a été introduit par des anciens enfants de troupes de retour de Brazzaville, à l’image du capitaine Djimtoloum et ses camarades. Ils bénéficieront par la suite d’un encadrement des enseignants français.
« le sport du Tchad repart à zéro ! »
C’est Idriss Mahamat Ouya nommé secrétaire d’Etat à la jeunesse et aux sports qui a véritablement relancé le sport tchadien en déclarant que : « le sport du Tchad repart à zéro ! ». C’est en cette période que de nombreux clubs ont été créés et soutenus par des entreprises et des institutions. L’un des tous premiers clubs qui avait fait parler de lui à l’époque était ‘’Ouragan’’, qui malheureusement n’a pas fait long feu. Aujourd’hui l’on peut dire que l’un des plus anciens clubs est ‘’Renaissance Football Club’’. Tout de même, la naissance de ‘’Gazelle football club’’ a apporté une touche particulière au football tchadien à cette époque. Une formation des jeunes des quartiers Mardjandafak et Klemat qui avaient une équipe dénommée ‘’Rideau de fer’’ a constitué l’ossature du football tchadien en 1976. C’était la génération de Haroun Saba et Ahmed Ngartoloum. Sortis de nul part mais ces jeunes, dès leurs premières participations au championnat d’été ont été sacrés champions. Leur ascension en championnat de la 2e division ne s’est pas fait attendre. Il fallait leur trouver un nom à la hauteur de leur performance, c’est là qu’est né ‘’Gazelle’’, champion encore cette année là.
En 1986 à 1990, il y’aura la création d’un ministère de la jeunesse et sport et du Comité Olympique Sportif Tchadien (Cost). C’est à ce moment qu’il y’avait eu le transfert de pouvoir de l’Etat aux fédérations de différentes disciplines de promouvoir leur domaine. Des infrastructures ont été créées. Des moyens financiers et humains ont été mis à la disposition des différentes fédérations. Le Tchad participe à plusieurs compétitions régionales comme internationales à travers différentes disciplines sportives. Avec des résultats moindres parce que selon Dieudonné Djonabye, le travail de formation initial qui a permis l’éclosion des grands athlètes et des footballeurs n’a pas été poursuit. «Dans le sport, tout est dans le travail. Sans cela, vous payez cash » conclut-il.
Deuh’b Zyzou –
Article paru dans le numéro spécial du journal Le Pays à l’occasion des 60 ans d’indépendance du Tchad – 2020.
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