L’Union Sportive de Moursal (USM), un club qui a marqué la scène sportive tchadienne, fait désormais face à une crise. Roasngar Betolngar, son dirigeant, a été suspendu de toute activité liée à la Ligue Provinciale de Football de N’Djamena pour une saison sportive entière (2024 – 2025 ). Une sanction imposée à la suite d’un incident lors de la Coupe Youyi (amitié), organisée par la Commune de N’Djamena en collaboration avec la Ligue, et avec l’appui de l’ambassade de Chine au Tchad.

Le 17 octobre dernier, l’USM affrontait le club DAF dans une rencontre intense. Le match s’est étiré jusqu’à une heure tardive, forçant les membres du comité d’organisation à le suspendre pour le reprendre le lundi 21 octobre. Cependant, lors de cette reprise, les esprits se sont échauffés bien avant le coup d’envoi. En cause, un désaccord sur la composition des équipes. Les joueuses de l’USM, pour certaines revenues du Cameroun pour des raisons académiques, étaient jugées inadmissibles pour cette reprise par le Secrétaire Général Adjoint (SGA) de la Ligue Provinciale MBAIODJIRO Gedeon, Dr Jean de Dieu, et le dirigeant de DAF.

Selon le règlement de la Ligue, une équipe ne peut pas intégrer de nouvelles athlètes une fois la liste initiale soumise. « Il faut que les 11 joueuses du match du 17 octobre soient celles qui reprennent », a martelé le SGA . Mais pour Roasngar, la situation était plus complexe. Les 11 joueuses alignées initialement n’étaient pas toutes des membres permanentes de l’USM, et leur retour sur le terrain semblait nécessaire pour compléter l’équipe.

Le différend a rapidement tourné au bras de fer entre les dirigeants. Roasngar, désireux de défendre son équipe, a refusé de céder, ce qui a conduit à l’intervention du président de la Ligue pour calmer les tensions. Finalement, le match a repris tardivement, mais l’issue en fut amère pour l’USM : une défaite cuisante de 4 buts à 0.

La suspension de Roasngar, bien que sévère, soulève des questions sur la gestion des tournois et l’équité sportive. La Coupe Youyi n’étant pas une initiative de la Ligue, la rigidité des règlements de cette dernière était-elle vraiment justifiée ? Cette situation met en lumière les dilemmes auxquels sont confrontés les clubs locaux, pris entre les exigences des autorités sportives et les réalités logistiques et humaines.

En définitive, cet épisode pourrait être l’occasion de repenser la gestion du football local (masculin et féminin ), en veillant à ce que les règles ne deviennent pas un frein à la passion des athlètes et à l’esprit de compétition.

Gaëlle ELSOU