Le projet de rénovation du stade Idriss Mahamat Ouya, emblème du sport tchadien, est devenu une véritable saga de retards et de promesses non tenues. Ce chantier, annoncé comme une priorité pour redynamiser le sport au Tchad, accumule les retards, laissant la population dans l’attente et le scepticisme grandir face à une gestion jugée défaillante. Le retour sur un projet qui peine à atteindre ses objectifs.

 

Initialement prévu pour être livré en août 2024, le stade n’a toujours pas vu le jour. La livraison a d’abord été repoussée au 15 septembre, puis au 15 octobre 2024. Aujourd’hui, cette dernière échéance est déjà dépassée et le stade reste en chantier. Ce retard surprend d’autant plus qu’il s’agit d’une rénovation, supposée être plus rapide qu’une construction neuve. La question qui se pose sur toutes les lèvres est : qu’est-ce qui retarde tant les travaux ?

Malgré les assurances répétées du ministre des Sports, les craintes se multiplient. Des images récentes, prises clandestinement malgré l’interdiction formelle de captation visuelle sur le site, révèlent un état d’avancement qui ne correspond pas aux attentes. La progression des travaux semble largement en deçà des promesses affichées par les autorités. Cet état de fait soulève des doutes légitimes quant à la capacité des responsables à honorer leurs engagements et à livrer ce chantier dans des délais acceptables.

Plusieurs raisons pourraient expliquer ces retards. D’abord, la coordination des travaux semble insuffisante. Le nombre de travailleurs mobilisés sur le chantier paraît réduit, et les équipements manquent parfois à l’appel. De plus, la planification des travaux semble défaillante, avec des erreurs dans le suivi des étapes cruciales. Certaines sources évoquent également des difficultés d’approvisionnement en matériaux de construction, ralentissant davantage l’avancée du chantier.

Le manque de transparence dans la gestion du projet n’arrange rien. Les citoyens, qui suivent de près l’évolution de ce chantier, ont de plus en plus de mal à croire aux promesses des autorités. Les annonces répétées, sans résultats concrets, alimentent un climat de méfiance. La population tchadienne attend des actes, et non des paroles.

Depuis le début des travaux, plusieurs ministres des Sports se sont succédé, chacun réalisant des défilés sur le site, largement relayées par les médias. Ces visites, bien qu’affichant la volonté du gouvernement de suivre de près l’avancée des travaux, peinent à masquer les retards accumulés. Malgré les annonces de progrès faites à chaque étape, les résultats tardent à se concrétiser.

Cette situation génère un certain malaise parmi la population, qui voit dans ces visites davantage des opérations de communication que des véritables actions en faveur de l’achèvement des travaux. La répétition des promesses sans suite laisse place à un sentiment de frustration et d’impatience.

Les retards de ce chantier ont des conséquences directes pour le football tchadien. L’équipe nationale, les Sao, doit disputer dix rencontres importantes dans les mois à venir, dont cinq à domicile. Parmi ces matchs, deux rencontres cruciales pour les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025 contre la Sierra Leone et la Côte d’Ivoire sont en jeu. L’indisponibilité du stade Idriss Mahamat Ouya constitue un véritable handicap pour les Sao, qui ne pourront pas évoluer dans des conditions optimales.

En attendant l’achèvement des travaux, l’équipe nationale est contrainte de se rabattre sur des stades qui ne répondent pas aux normes internationales. Le championnat du Chari Baguirmi vient tout juste de démarrer et seuls trois stades sont disponibles : Paris Congo, Diguel, et l’académie de Farcha. Aucun d’eux n’offre une pelouse ou des infrastructures adéquates pour des matchs de haut niveau. Cette situation est une épine dans le pied des ambitions sportives du Tchad.

Le gouvernement doit relever de nombreux défis pour inverser cette tendance. Il doit non seulement améliorer la gestion des chantiers en cours, mais aussi valoriser les compétences locales et favoriser une plus grande transparence dans l’utilisation des fonds publics. Le chantier du stade Idriss Mahamat Ouya devient ainsi un symbole : celui d’un besoin urgent de réformes pour restaurer la confiance de la population.

L’achèvement du stade Idriss Mahamat Ouya est aujourd’hui une priorité nationale. Plus qu’un simple équipement sportif, il est devenu un enjeu de crédibilité pour les autorités. Il est impératif que les dirigeants tiennent leurs promesses et veillent à ce que ce projet soit mené à bien, dans les meilleurs délais.

Seule une gestion rigoureuse et un respect des engagements permettront de redorer l’image des autorités et d’assurer un avenir prometteur au sport tchadien. Le pays ne peut plus se permettre de multiplier les promesses non tenues. Qui peut s’attendre à la confiance d’un peuple, si les promesses de ses dirigeants restent sans fruit ?

Gaëlle ELSOU